SPEEDING MAGAZINE

En fait, si ce speeding magazine n’a jamais été édité jusqu’à aujourd’hui, ce n’est pas parce que nous n’avions pas le contenu, ni la mise en page, ni les moyens de l’éditer, mais sûrement pour deux raisons.
La première est dans ces mots. Un « avant dire » qui n’a jamais été écrit et que nous nommions comme ça, car nous ne voulions pas d’un édito qui fait journal ni d’un avant-propos qui ne fait pas assez fanzine. Un avant dire qui n’était pas facile à écrire alors que tant était déjà dit dans tous ces entretiens et ces rencontres.
En faire deux aujourd’hui, c’est un peu une revanche de l’histoire et finalement nous devions bien cela à nos entretiens et à toutes ces rencontres.La deuxième, c’est que nous l’avons fait dans un moment de passage.
Celui entre la fièvre d’émissions de radio qui rythmaient notre vie de lycéens, les lectures de fanzines espagnols post dictature, de Pastelism, le fanzine des Pastels, et du MNE, l’écumage des bars et salles franco-suisso-allemandes que nous avions à quelques kilomètres de chez nous, des librairies, et festivals du secteur et d’incroyables rencontres avec ces artistes qui s’amusaient à répondre à nos questions. Et un autre temps, qui était celui de construire notre propre vie associative, construire les moments et lieux propres à ces passions dans notre ville, dans un quotidien plus proche et plus intense. C’était donc le début d’une aventure associative à travers la création de la deuxième Fédération Hiéro en décembre 1992. Une aventure riche de rencontres, de manifestations, de revendications, de réussites et de tireuses de bières…Ce document, ce fanzine, cette archive, comme on voudra, est donc le reflet d’aventures personnelles, mais qui sont des documents parfois incroyables. Vous aviez déjà entendu parler du projet d’Yves Chaland avec Serge Clerc, et que sa mort cruelle aura définitivement bloqué ? À relire l’entretien de Moe Tucker qui viendra quelques mois plus tard à notre invitation avec Sterling Morrison pour une soirée éphémère et mémorable en hommage au Velvet Underground, on peut la comprendre quand elle dit que ça ne la gêne pas d’avoir été dans le velvet ! Enfin, l’entretien d’Eugene Chadbourne avec les musiciens de Camper Van Beethoven, c’est dans mes souvenirs surtout la nuit dans une cabine téléphonique Bâloise à trois, avec Nicolas et Muriel, sous la neige à attendre le premier train pour rentrer à Colmar.Et aujourd’hui, finalement, nous n’avons pas changé. Nous avons toujours au fond de nous ces rites magiques qui ne sont pas des mœurs… Et cela fait du bien.
Let’s go to the programme !

PS : Pour ceux qui veulent connaître la suite, vous pouvez toujours vous rendre sur le site  racontant cette épopée de 1992 à 2000 : http://krakenisback.free.fr
L’entretien avec Jean-Christophe Menu a donné lieu à un deuxième 16 ans plus tard.
Il est disponible à cette adresse : http://jd.collin.free.fr/Site/Torpedo_Radio/Torpedo_Radio.html

Jean-Damien Collin
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Hum, ce speeding magazine aurait du sortir sous la forme d’un fanzine papier à la fin de l’été 91. L’idée, c’était de faire une revue en hommage à Daniel Johnston dont nous collectionnions les K7 (surtout JD) et d’y ajouter nos interviews préférés réalisés pour notre émission de radio Torpedo que nous animions au lycée sur Radio Dreyeckland Colmar. Des interviews de groupes croisés en France, en suisse, en Allemagne, au Jazzhauss, à la kasern, chez Paulette…  Dès le début, le concept c’était aussi de mélanger Rock et Bande dessinée… Mes lectures à moi, c’était Nineteen, Combo, Ruta 66, les catalogues VPC New Rose et les programmes des concerts en Allemagne et en Suisse…. La plupart de nos meilleurs groupes du monde tournaient très peu à l’époque en France. Freiburg, c’était Boston, Bâle notre Hoboken à nous. En règle général, ça se passait assez simplement : on téléphonait aux organisateurs pour essayer de récupérer quelques invitations, on arrivait avec notre magnéto et nos disques à faire signer l’après-midi pour écouter les balances. Puis, dès qu’on sentait le truc, on demandait aux groupes si on pouvait les interviewer avant ou après le concert. Ils étaient tous d’accord, quels que soient l’heure et leur état de fatigue. Je crois que le fait d’être de jeunes lycéens jouait en notre faveur. En relisant certaines questions, je me dis que de temps en temps, ils devaient quand même bien se marrer… surtout avec notre accent anglais et notre façon de hocher la tête pendant les réponses pour faire semblant de tout comprendre. On préparait une vingtaine de questions et à la fin on essayait d’improviser, mais ça ne durait jamais bien longtemps, mais au final on s’en foutait un peu… on avait la set-list, le tee shirt de la tournée et le 33 tours dédicacé. Notre meilleur entretien a duré 2 heures avant de se rendre compte qu’on avait oublié d’appuyer sur la touche record.
On a passé tout l’été 91 à traduire les entretiens et à faire de la mise en page sur un Macintosh classic. La dernière ligne droite fut plus longue que prévue. L’été était fini et nous avions plutôt envie de passer à autre chose… Comme d’inviter directement tous ces groupes à venir jouer à Colmar, mais ça c’est une autre histoire ! Remerciements : El torpedo gang, Parklife Records, Jeff Tartakof, The Pastels, les Maniacs, les Dum Dum Boys, le Club de Prévention Europe et David Dufresne.

Nicolas Jeanniard